LES GRANDES SALINES
(origines quaternaire)

 
Possibilité d'agrandir certaines photos en cliquant dessus

L’anse des GRANDES SALINES :
Souvenirs évoqués par Roland Pêtre

Cette anse qui se situe entre le cap Carbon et la Pointe Ste Anne  est un lieu qui n’est pas facile d’accès.
Pour faire simple les géologues* vous diront que cette plateforme, à l’aspect volcanique, sont des plages soulevées quaternaire. C’est de lave mais pas volcanique.
L’objet de ce texte n’est pas d’approfondir l’origine minéral de cet espace, il faudrait se lancer dans des explications complexes et avec un vocabulaire scientifique que seuls les géologues maitrisent.
Je n’ai la prétention que de faire découvrir à ceux qui n’ont pu y aller ce qu’était cet endroit.
     J’en parle donc en connaissance de cause car mon père, ancien adjudant-chef du 11ème Tirailleur algérien dont un bataillon était cantonné à Bougie caserne Charles Roux, nous a fait « crapahuter » quand nous étions jeunes mes deux frères et moi, dans tout le massif du Gouraya n’utilisant que les sentiers pour progresser. Nous nous sommes donc rendus plus d’une fois aux Grandes salines et étions aguerris à ce genre de balades. Départ de bonne heure un petit sac sur le dos avec un casse-croûte et une gourde de café froid allongé d’eau pour ralentir la soif (technique des militaires de cette époque…). Indispensable aussi un bâton à la main pour l’équilibre.
      Pour arriver à l’amorce du chemin qui descendait vers les grandes Salines nous avions le choix entre deux itinéraires possibles. Le premier, en empruntant la route qui partait du cimetière en passant devant la cité Floch, « la route des phares ». Arrivé au croisement du Pont Rouge à gauche était la route qui menait au cap Carbon, au milieu la route qui descendait vers les Aiguades et à droite l’accès au cap Bouak. La route du Grand phare longeait le plateau des Chardonnerets et arrivait à la carrière du four à chaux*, il fallait ensuite passer le tunnel pour déboucher sur le chemin qui menait au Grand Phare. Quand nous y allions, pour le plaisir, nous compliquions les choses, prenions la route qui menait aux Aiguades et à mi-chemin environ empruntions un chemin très raide « le chemin des Trembles » qui rejoignait plus haut le plateau de la carrière du four à chaux. Il fallait ensuite passer le tunnel et rejoindre plus bas le chemin très étroit et très pentu qui menait aux grandes Salines, sur la gauche de l’isthme donc. Le relief très à pic nous obligeait à être très prudent pour y descendre. Sur la photo 1 (magnifique d’ailleurs) on devine l’amorce de ce chemin.
    Le second itinéraire était le contournement par les corniches du cap Bouak et de la pointe Noire en partant de la jetée de l’avant-port. Cet itinéraire rejoignait pratiquement lui aussi l’amorce du chemin qui descendait vers les Salines. Une arrivée sur ces « scories de lave » très tourmentées de cette plateforme de quatre ou cinq cents mètres de long environ, que l’on distingue très bien sur certaines cartes postales ou des photos récentes. On pouvait aussi progresser par le prolongement du chemin qui dominait les Salines jusqu’à la Pointe Ste Anne un endroit encore plus accidenté formé de cavernes de lave très noire cette pointe étant elle-même une masse de lave.
Les Salines, selon la tradition, devaient certainement leur nom à la texture des roches du rivage formant autant de poches ou de flaques emplies par la mer qui, après évaporation, pouvait laisser de faibles quantités de sel qui pouvait-être récolté. Il semble que ce sel avait été exploité artisanalement mais rien n’a été prouvé. Quand il y en avait, nous en ramenions à la maison. Il était très propre et très blanc. Mais le plus étrange étaient ces espèces de grands bassins sans forme et dimensions précises qui pouvaient-être comparés à de petites piscines. L’eau y était d’un tel calme et d’une telle limpidité que l’on arrivait à peine à distinguer la surface, il fallait la toucher pour la raviver, par temps calme bien entendu et celles les moins exposées. Notre plus grand bonheur avec mes deux frères et à la belle saison, c’était de s’y baigner. Un vrai régal ! On avait l’impression de voler, aucune algue ne venait encombrer les parois ou le fond. Il fallait aussi être prudent car cette roche était très acérée. Au moment de repartir, mon père avait  du mal à nous faire remonter sur le bord pour reprendre le chemin de la maison.
Ce n’était pas un lieu de promenade dominicale prisé des Bougiotes du fait de sa difficulté d’accès et du danger qu’il y avait à l’arpenter.
J’ai retrouvé dans mes archives familiales deux ou trois photos (de mauvaise qualité) mais qui nous montrent avec mes frères dans ce lieu. J’en ai retenu une.
*Lorsque que j’ai eu l’idée d’écrire cet article c’est Yves Bodeur, ancien professeur de géologie à l’université de Nantes, qui m’a suggéré ce compressé de résumé sur les origines de ce lieu.
* en réalité il existait deux carrières : celle proche du tunnel du Gd Phare et celle qui alimentait directement le four à chaud au moyen d'une ligne aériènne de wagonets suspendus qui survolaient le grand virage après la cité floch.

Photos R.Pêtre-archives association et correspondants sur place.

  Paru dans le journal 2025

Image de situation (Google Earth)
Amorce chemin d'accés aux Gdes Salines
Tracés du chemin qui même au bord de mer
Un aspect général en approche de la pointe
Sainte Anne
Détail de la lave qui forme la côte
Un autre aspect de cette lave
Vue du cap Carbon des Salines
Un gros plan d'un bassin naturel
Situation du chemin des Trembles
Aspect déchiqueté de cette lave
Survol de l'anse des Salines
1945 - photos de l'auteur de l'article
 

Retour vers >>   SOMMAIRE HISTOIRE hautdepage